L'Ordre Antonin Maronite


  1. Fondation de l’ordre antonin maronite
  2. Esprit éducatif des écoles de l’Ordre Antonin
    1. Une éducation basée sur la foi
    2. Une éducation à caractère moral
    3. Une éducation civique et patriotique au service du bien commun

1- Fondation de l’ordre antonin maronite

- À l’époque des croisades plusieurs ordres religieux, comme les Bénédictins, les cisterciens, les camaldules, avaient établi les abbayes au Liban. - Il y avait aussi dans tout le pays de petits couvents “autocéphales”fondés par des familles pieuses ou par des évêques.
L’évêque d’Alep, Mgr. Gabriel de Blawza, né en 1625, originaire d’un village des bords de la Vallée Sainte, avait fondé le couvent de Tamish, en 1673, près de Nahr – El Kalb, mais il rêvait de créer un véritable ordre religieux, sur le modèle des ordres occidentaux reconnus par Rome, avec plusieurs maisons groupées sous l’autorité d’un Supérieur Général et observant une règle unique.
- Il fut encouragé dans ses projets par la visite de trois jeunes gens alépins animés du même désir, qu’il hébergea à Tamish, mais qui, sur ses conseils et avec ses recommandations s’en allèrent fonder à Ehden, en 1695, près de la qadisha, le monastère de Mar Moura qui fut le point de départ d’un ordre religieux. Cet ordre, composé d’abord de Libanais et d’Alépins, se scinda par la suite en deux ordres distincts : celui des “Baladites” et celui des “Alépins” lequel prit plus tard le nom de “Mariamites”.
- Mgr. Gabriel de Blawza, de son coté, installa quelques-uns de ses religieux de Tamish sur la colline d’Aramta dans la région de Broummana, avec mission d’y construire un couvent. Il y avait jadis, sur cette colline une résidence de moines mésopotamiens de Saint Isaïe, c’est à dire “Mar chaaya”. Il ne s’agissait pas du prophète Isaïe, mais d’un saint moine alépin du cinquième siècle.
- Le 15 Août 1700, la première messe fut célébrée dans l’église nouvellement construite, dédiée à Mar Chaaya.
A cette époque la région était habitée principalement par des Druzes. Au début cela avait posé quelques problèmes, mais Mgr. Gabriel de Blawza se lia d’amitié avec l’émir druze Abdallah Bellamah qui gouvernait la région.
- Entre 1700 et 1704, les religieux de Mar Chaaya obtinrent l’approbation pontificale de leur Règle du pape Clément 12 sous le nom de Religieux Antonins Maronites mais c’est la date du 15 Août 1700 que les Antonins considèrent comme celle de la naissance officielle de leur Ordre. Les couvents se sont multipliés au cours du temps, mais ils eurent à souffrir des conflits avec les druzes et surtout de la première guerre mondiale. Aujourd’hui, l’Ordre Antonin Maronite compte une trentaine de couvents et de missions en Europe, Canada et Australie.


2- Esprit éducatif des écoles de l’Ordre Antonin

2-1 Une éducation basée sur la foi

- D epuis sa fondation au dix-huitième siècle, l’école de l’Ordre Antonin s’est distinguée par sa dimension apostolique, s’appliquant à faire connaître Dieu, pour l’aimer, faire sa volonté et l’adorer dans la vérité. Cette éducation se poursuit aujourd’hui avec le même enthousiasme et d’une manière plus consciente. « Depuis la fondation de l’Ordre, nos premiers Pères se sont occupés de l’éducation et de l’enseignement ; dans le voisinage de chacun de leurs monastères ou centres, ils ont institué une école. L’enseignement est une forme, un moyen et une occasion d’évangélisation. L’évangélisation et la pastorale sont, au fond, à côté de l’éducation, la raison d’être de nos établissements scolaires » (statut de l’O.A.M. art.97, 1)
- Si l’esprit de la vie chrétienne est la caractéristique de l’éducation de l’Ecole Antonine, dans un environnement hostile ou dans un milieu soumis à ses traditions et à ses coutumes, ceci n’exclut pas le fait que les écoles de l’Ordre, là où elles se trouvent, veillent à apprendre ses thèmes principaux, laissant à chacun la liberté de pratiquer la religion à son choix.


2-2 Une éducation à caractère moral

- E n appliquant le principe de concomitance de la vie et de l’éducation, les écoles de l’Ordre, en vertu de leur enracinement religieux, s’appliquent à inculquer à leurs élèves l’exercice des vertus de détachement, de l’amour du service, de la vie fraternelle, du respect des valeurs familiales et d’attachement à ces valeurs. Elles leur apprennent, en particulier, à aimer la terre et à partager ses biens avec autrui, à construire leur personnalité par un respect conscient et avisé du corps et par l’utilisation de ses fonctions vitales dans une chasteté responsable et une liberté solide. Cette école d’éducation a réussi, grâce à Dieu. Elle s’est montrée efficace dans la réalisation d’une mission spirituelle. Elle est devenue un terrain fertile de vocations religieuses et sacerdotales. Le livre n’est pas le seul moyen pédagogique adopté, pas plus que l’instruction n’est la référence essentielle pour la consolidation de ces valeurs ; le corps enseignant et administratif de nos écoles joue un grand rôle dans l’opération éducative. Il est fortement invité à témoigner des valeurs humaines et chrétiennes, car si la parole influe, l’exemple édifie, surtout les générations montantes.
- La collaboration entre les sujets de notre communauté éducative : les élèves, les parents, le corps enseignant, le personnel de service et les gestionnaires, réalise la finalité de notre mission éducative : l’éducation intégrale de la personne. Cette éducation est facilitée quand la relation éducative reconnaît pleinement l’égalité de la dignité de chaque personne, sans insister sur les rôles différents. Ainsi on peut former des personnalités capables d’avoir leur propre vision de la vie et de rendre raison de leurs options. (Cf. « Les personnes consacrées et leur mission dans l’écoles », n.41 et 45).


2-3 Une éducation civique et patriotique au service du bien commun

-C e que les programmes scolaires contiennent de meilleur c’est l’instruction civique de l’élève et la volonté de lui faire prendre conscience de l’importance de la civilisation qui marque son pays, et de la noblesse de la mission qui le distingue : « votre pays est plus qu’un Etat, c’est un message… » C’est ce qui encourage l’élève à aimer sa patrie et à vouloir se sacrifier pour elle, pour sa cause, c’est-à-dire pour sa mission. La vocation du Liban est, en effet, l’ouverture à toutes les civilisations, la reconnaissance de la pluralité, le respect de l’autre dans la convivialité, la dignité de l’homme et le droit à la différence. La mission éducative pour laquelle oeuvrent les moines antonins vise à construire une société plurielle, sur un espace de terre défini, où règnent la paix, la liberté de croyance et la justice.
- Les caractéristiques de l’Education Antonine fondée sur la foi, la morale et le patriotisme, demeurent la concrétisation de l’esprit de désintéressement et l’image du don (gratuit) qui marque notre vocation d’éduquer les générations montantes. Notre souci, dans nos établissements scolaires, c’est d’aider ces mêmes générations montantes à acquérir, grâce à Dieu, la foi, l’amour de l’homme, le respect de ses droits, l’amour de la liberté et de la justice, l’amour de la patrie, et le travail pour que règne la fraternité universelle : c’est la civilisation de l’amour. « L’éducation des jeunes, quelle que soit leur origine sociale, doit viser à former non seulement des personnes cultivées mais aussi des croyants engagés et des citoyens loyaux. » (Statut de l’O.A.M. art 100).
- L’école Antonine se base, en outre, sur l’amour de la terre qu’elle développe chez l’élève, sur l’appartenance et l’amour d’enracinement dans la terre des ancêtres. Il n’est nullement surprenant que les Antonins eussent consacré leur vie, après la prière et l’adoration de Dieu, au travail et à l’exploitation de la terre ; ce qui leur a permis de se déployer dans toutes les régions du Liban. Il était évident que le travail de la terre faciliterait le développement des capacités intellectuelles. En outre, l’école Antonine est ouverte à tous les élèves, sans distinction de religion ni d’appartenance sociale.
- De cet esprit éducatif l’Ordre, les Antonins ont retenu les valeurs inéducables dans leur mission éducative : la foi en Dieu, l’amour de la terre, la convivialité dans le pluralisme, la responsabilité et l’individualité (découvrir l’apprenant comme étant une entité particulière). « Les personnes consacrées veilleront à sauvegarder dans leur projet éducatif la priorité de la personne, … Chaque élève doit être considéré dans son individualité, en tenant compte de son milieu familial, de son histoire personnelle, de ses qualités et intérêts ». (Cf. « Les personnes consacrées et leur mission dans l’école » n.61).